Lettre ouverte concernant les abus commis au Nouveau-Brunswick, au Canada, en gymnastique
- Ro Edge
- 20 mai
- 7 min de lecture
18 mai 2025
À :
L’Honorable Adam van Koeverden – Secrétaire d’État aux Sports, Canada
Isabelle Thériault – Ministre responsable des Sports, Nouveau-Brunswick
Morinari Watanabe – Président de la Fédération Internationale de Gymnastique (FIG)
Wendy Smith – Présidente de Gymnastique Canada
Trip Lewis – Président de l’Association de gymnastique du Nouveau-Brunswick et entraîneur-chef du Kingswood Gymnastics Club, Nouveau-Brunswick
Cc :
Michael Downey – Directeur général de Gymnastique Canada
Kacey Neely – Directrice, Sport sécuritaire, Gymnastique Canada
Jennifer Charters – Directrice exécutive de l’Association de gymnastique du Nouveau-Brunswick
Kathleen Polegato – Gestionnaire, Kingswood Gymnastics Club, Nouveau-Brunswick
Objet : Sécurité, vie privée et équité pour les femmes et les filles en gymnastique – À l’échelle mondiale, nationale (au Canada) et provinciale (au Nouveau-Brunswick)
Chers Honourable Secrétaire Adam van Koeverden, Ministre Isabelle Thériault, et Présidents de gymnastique Morinari Watanabe, Wendy Smith et Trip Lewis :
Nous, le Consortium international pour le sport féminin (ICFS), sommes un groupe d’organisations de femmes provenant de dix pays qui milite pour la protection basée sur le sexe des athlètes féminines à travers le monde. Notre objectif est de représenter les préoccupations des femmes et des filles à tous les niveaux du sport.
Des sources privées offrant des témoignages de première main nous ont informés que les clubs de gymnastique compétitive au Canada sont des lieux où la discrimination basée sur le sexe est omniprésente. Des hommes et des garçons sont autorisés à s’auto-identifier dans la catégorie féminine du sport, ce qui crée un chaos pour les femmes et les filles impliquées.
Un exemple dans la province du Nouveau-Brunswick illustre cette situation, présenté ici sans nommer les individus concernés :
Un groupe de jeunes gymnastes féminines au Nouveau-Brunswick est forcé de concourir contre un participant né mâle, plus âgé qu’elles. De plus, la vie privée de toutes les gymnastes féminines dans cet endroit est violée en permettant à cet adolescent mâle de se changer dans le vestiaire des filles, où il met des prothèses mammaires en présence de fillettes aussi jeunes que six ans. Occasionnellement, ce mâle a été vu en train de s’engager dans des comportements de nature sexuelle avec sa petite amie dans les zones d’observation du gymnase. Il est clairement attiré par les filles, ce qui double le sentiment d’alarme. Les parents sont informés que si leurs filles se sentent mal à l’aise avec la situation dans le vestiaire, ce sont elles qui devront renoncer à leur casier personnel tant convoité et se changer ailleurs. La personne responsable a dit à une fille qui s’est plainte qu’elle devrait se changer chez elle avant l’entraînement ou dans une toilette à occupation unique située à un étage différent du bâtiment où elle s’entraîne. Cette fille, et toutes celles dans une situation similaire, peuvent dire adieu au plaisir social de passer du temps avec leurs amies avant et après l’entraînement.
En d’autres termes, la discrimination basée sur le sexe se produit à la fois dans la compétition et dans le vestiaire.
Mais cela ne s’arrête pas là. Les voyages d’équipe constituent une troisième forme de discrimination. Lorsqu’il est temps de voyager, les filles sont obligées de séjourner dans des logements d’équipe, ce qui signifie qu’elles pourraient devoir partager une chambre avec cet adolescent mâle plus âgé. Lorsque les parents expriment leur inquiétude quant à la vulnérabilité de leurs filles face à la présence de ce mâle dans leurs espaces intimes pendant un voyage, le club et l’Association de gymnastique du Nouveau-Brunswick ont déclaré qu’aucune fille ne peut être exemptée de ces arrangements de voyage (cohabitation mâle-femelle) à moins de fournir une lettre d’un médecin attestant que la fille dissidente souffre d’un trouble psychologique. Même si les parents mentaient sur la « condition psychologique » de leur fille pour obtenir une exemption et voyager séparément avec elle, ils devraient assumer tous les coûts supplémentaires liés au voyage et à l’hébergement de leur fille.
En résumé, trois types de discrimination basée sur le sexe se produisent au sein de l’Association de gymnastique du Nouveau-Brunswick et du club local :
Des fillettes forcées de concourir en gymnastique contre un garçon beaucoup plus âgé qu’elles (âge et sexe différents).
Des fillettes forcées de se retrouver en état de déshabillage devant un mâle plus âgé qui exprime une attirance manifeste pour les femmes.
Des fillettes forcées de risquer de partager une chambre d’hôtel avec un mâle lors des voyages d’équipe ou de s’exclure des déplacements d’équipe.
Nous, l’ICFS, rappelons à toutes les personnes impliquées dans cette situation – du Secrétaire d’État aux Sports du Canada, à la Ministre responsable des Sports du Nouveau-Brunswick, et à tous les dirigeants de la gymnastique, du niveau local à international – que la discrimination intentionnelle contre les athlètes féminines constitue une violation claire de la Déclaration internationale des droits humains, de l’intention de la Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW, Article 10(g)), et des principes de la Déclaration des femmes (Article 7).
En ce qui concerne les femmes et les filles, le sport de la gymnastique a une histoire terrible de scandales. Il y a moins d’une décennie, les abus horrifiants perpétrés par Larry Nassar, membre de confiance de l’équipe américaine, ont été révélés. Plus récemment au Canada, nous avons vu le scandale à Sarnia, Ontario.
En grande partie, les abus sexuels en gymnastique touchent spécifiquement les filles parce qu’elles sont femmes et vulnérables. Ce n’est pas à cause d’une identité revendiquée, mais à cause de leur sexe biologique.
Forcer les filles à se déshabiller devant des garçons constitue une forme d’abus sexuel.
L’une des caractéristiques des scandales d’abus en gymnastique est qu’ils ont tendance à se prolonger sur des années. La longévité de ces mauvais traitements non résolus est due au fait que les autorités de la gymnastique refusent de prendre leurs responsabilités ou d’entreprendre des actions concrètes pour arrêter les abus. Les entraîneurs et les administrateurs préfèrent détourner le regard.
Dans la situation actuelle, en ce qui concerne le placement erroné d’un garçon rendant les gymnastes féminines vulnérables, malheureuses et désavantagées, la lâcheté typique des dirigeants de la gymnastique se manifeste à nouveau avec un haussement d’épaules et l’excuse : « C’est la politique ! Nous n’y pouvons rien. »
Le problème avec le recours à « la politique » en gymnastique est que les directives sur l’éligibilité à la compétition féminine sont incohérentes.
À l’échelle mondiale, il n’existe pas de politique explicite.
À l’échelle nationale, la politique de Gymnastique Canada est incohérente. Les déclarations faites sur deux caractéristiques distinctes – « le sexe biologique » et « l’identité de genre » – sont en conflit au sein du même document :
Sur le sexe biologique, il est dit : « Nul ne doit se voir refuser l’accès aux programmes ou aux opportunités au sein de GymCan en raison de leur sexe assigné à la naissance. » (Section 2.6)
Sur l’identité de genre, il est dit : « Nul ne doit se voir refuser l’accès aux programmes au Canada ou aux opportunités de s’entraîner, de concourir ou de représenter GymCan sur la scène nationale et internationale en raison de leur identité de genre ou de leur expression. Cela inclut, sans s’y limiter, les personnes qui s’identifient comme transgenres, non-binaires ou non conformes au genre. » (Section 2.8)
Clairement, les dirigeants de la gymnastique au Nouveau-Brunswick choisissent de se concentrer sur le second principe tout en violant complètement le premier. Ils décident que les désirs psychologiques d’un garçon sont plus importants que la santé mentale, la sécurité, les droits humains et la camaraderie d’équipe des filles.
Ce qui est absurde dans cette approche, c’est que l’inclusion d’un mâle s’auto-identifiant dans la catégorie des filles n’est pas la seule façon d’être « inclusif ». Pourquoi ne pas maintenir le gymnaste mâle dans la catégorie des garçons et simplement s’assurer que les garçons ne harcèlent pas leur pair trans-identifié du même sexe biologique ? Pourquoi faire porter aux filles tout le fardeau de « faire preuve de gentillesse » ?
L’extrême manipulation psychologique des filles dans la gymnastique au Nouveau-Brunswick est une forme de maltraitance psychologique, ce qui constitue une violation de l’article 5.2.1.c (p. 4) du Code universel de conduite pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport (UCCMS) : « La maltraitance psychologique inclut, sans s’y limiter, les comportements verbaux, les comportements physiques non violents, les comportements qui refusent l’attention ou le soutien… [à l’athlète]. »
Il est ironique que cette lettre ne puisse inclure le Commissaire à l’intégrité dans le sport du Canada, car les signalements à l’office du Sport sans abus sont maintenant transférés au CCES, l’entité au Canada qui se trouve être le principal promoteur des hommes dans les sports féminins au niveau fédéral.
Cette situation est à la fois tragique pour les filles et exaspérante pour leurs familles.
Le refus aux personnes de sexe féminin de l’option d’espaces d’équipe privés et réservés à un seul sexe pour se changer et/ou dormir est dystopique et cruel. Les responsables de divers sports au Nouveau-Brunswick sont connus pour citer le projet de loi C16 comme justification pour permettre à une personne mâle de s’auto-identifier dans les espaces réservés aux athlètes féminines. C’est une interprétation abominable de la législation. Ce n’est en aucun cas la seule manière d’atteindre l’« inclusivité ». L’approche la plus inclusive et équitable, qui ne viole les droits de personne, est de stipuler que tous les gymnastes nés mâles, quelle que soit leur identité, doivent rester inclus dans la catégorie masculine. C’est l’exclusion de la catégorie masculine des garçons et des hommes qui se présentent comme féminins qui constitue la véritable violation du projet de loi C16.
À l’échelle mondiale, nous exhortons la Fédération Internationale de Gymnastique (FIG) et, par extension, Gymnastique Canada et l’Association de gymnastique du Nouveau-Brunswick, à mettre à jour la politique d’éligibilité de leur sport de manière à protéger systématiquement tous les aspects de la catégorie des athlètes féminines, du niveau communautaire à l’élite.
Pour les sports canadiens dans leur ensemble, nous implorons le Secrétaire d’État van Koeverden de mettre à jour la politique de Sport Canada. Il est temps d’établir que l’avantage biologique masculin (quelle que soit l’idéologie ou l’identité personnelle) ne peut être autorisé dans la catégorie féminine à aucun âge. Les femmes et les filles au Canada méritent d’avoir au moins une catégorie dans chaque sport réservée exclusivement aux femmes. Toute autre disposition entraîne une discrimination basée sur le sexe.
Nous, l’ICFS, ne cesserons pas de militer pour ces changements tant que la discrimination basée sur le sexe envers les femmes et les filles dans le sport de la gymnastique ne sera pas complètement résolue.
Merci de votre attention à cette question. Veuillez résoudre cette situation dès que possible. Veuillez transmettre le message aux autorités de la gymnastique au Nouveau-Brunswick que la discrimination basée sur le sexe ne sera pas tolérée.
Pour un jeu équitable pour tous,
Membres fondateurs, ICFS
Courriel : hello@ICFSport.org (mailto:hello@ICFSport.org)


Abus commis au Nouveau-Brunswick gymnastique
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